La Légende du Uru
Il y a bien longtemps, au cœur de la grande vallée de Mahina, vivaient Rua-ta’ata et son épouse Rumau-ari’i, accompagnés de leurs quatre enfants.
Une terrible famine frappait la région : les animaux avaient disparu, et les arbres refusaient de donner leurs fruits. Chaque jour, la famille voyait la faim ronger leur force, et Rua-ta’ata, désespéré, cherchait une solution pour sauver les siens.
Un soir, alors que les enfants dormaient dans la caverne où ils s’abritaient, Rua-ta’ata s’adressa doucement à Rumau-ari’i :
« O Rumau-ari’i, écoute-moi bien. Demain, lorsque tu sortiras de cette grotte, tu trouveras un grand arbre à l’entrée. Cet arbre sera moi. Mon corps et mes jambes deviendront le tronc et les branches, mes mains se transformeront en feuilles, et le fruit rond sera mon crâne. Le cœur de ce fruit, lui, contiendra ma langue. Cueille ces fruits, fais-les cuire, laisse-les tremper dans l’eau, puis retire leur peau en les battant. Mange-les et partage-les avec nos enfants. Vous n’aurez plus faim ».
Rumau-ari’i, le cœur lourd, ne put répondre. Silencieusement, Rua-ta’ata quitta la caverne, disparaissant dans l’obscurité.
À l’aube, Rumau-ari’i se leva avec une étrange appréhension. Lorsqu’elle sortit, elle découvrit, à l’entrée de la caverne, un arbre majestueux. Ses larges feuilles ondulaient doucement dans le vent, et des fruits mûrs jonchaient le sol, dorés par les rayons du soleil.
À cet instant, elle comprit que les paroles de Rua-ta’ata étaient vraies.
Submergée par l’émotion, elle ramassa les fruits en pleurant et les prépara comme il l’avait indiqué. Lorsqu’elle les fit goûter à ses enfants, ils retrouvèrent enfin des forces, et leurs rires résonnèrent à nouveau dans la vallée.
En souvenir du sacrifice de Rua-ta’ata, Rumau-ari’i nomma cette petite vallée Tua’Uru, la « Place de l’Arbre à Pain ».
L’arbre, né de l’amour d’un père pour sa famille, devint un symbole de vie, nourrissant les générations à venir et rappelant à tous le pouvoir du sacrifice et de l’amour éternel.
L’arbre continua de prospérer, répandant ses graines à travers la terre. Il devint un symbole de vie, de résilience et du lien incassable de la famille.
Les habitants de Mahina apprirent bientôt l’origine de l’arbre, et ses fruits devinrent un cadeau précieux des dieux, un rappel que même face au désespoir, l’amour et le sacrifice pouvaient nourrir l’âme et soutenir la vie.
*** Photo credit: Tahiti Tourisme
