En tête à tête avec Makau Foster
Au cœur de l’archipel des Tuamotu, sur l’atoll paisible de Hao, une fillette passait ses journées à s’émerveiller des petits miracles de la vie, observant les crabes grimper aux cocotiers, suivant les dessins des feuilles dans la brise, se perdant dans les jeux de lumière de la mer.
Dès son plus jeune âge, elle comprit ce que beaucoup mettent une vie entière à saisir : la beauté vit dans les détails, et la magie commence par l’émerveillement.
Nous sommes heureux de vous présenter Makau Foster, une légende du ‘ori tahiti. Et bien plus encore…
Makau a commencé à danser à l’âge de quatre ans, guidée par sa grand-mère et son propre rythme intérieur. Chaque fois que la musique retentissait, tout son être s’éveillait.
Sa joie était visible, contagieuse. Les habitants lui donnèrent même le doux surnom de Tataviri, “celle qui bouge”, comme si les marées du lagon murmuraient à travers ses hanches.
« J’attendais ce moment où la musique commence et où tout devenait soudain magique », se souvient-elle.
Mais à une époque et dans un lieu où la danse n’était pas toujours bien accueillie, son expression pouvait parfois susciter l’inquiétude. Quand les voisins s’interrogeaient, son grand-père répondait simplement :
« Toute chose est création. Même la danse. »
Cette phrase sema la graine d’une vocation.
Bien des années plus tard, Makau insufflera cet esprit à son école de danse, Tamariki Poerani, fondée en 1999. Elle la baptisa ainsi en hommage à son atoll de Hao, reconnu comme le berceau des premières perles noires de Polynésie — si précieuses qu’on les appelait poerani, “perles du ciel”.
La mission de Makau n’a jamais été d’enseigner la danse comme une simple technique. Pour elle, la danse est un chemin vers l’harmonie.
La véritable danse naît non de la forme, mais du ressenti, de la connexion entre les muscles et la mémoire, le regard et le geste, le rythme et le respect.
Sous sa guidance préxieuse, ses élèves apprennent à être immobiles avec intention, à bouger avec conscience, à ressentir l’histoire derrière chaque note jusqu’au plus profond d’eux-mêmes.
Dans les cours de Makau, le corps devient un réceptacle, et la danse s’élève comme une offrande.
Pour décrire ce qu’elle transmet à travers la danse, Makau utilise le mot honoipo — un terme tahitien signifiant communion, union sacrée, mariage.
« Quand tu danses, tu entres dans un monde où tout est lié — ce que tu dis, ce que tu entends, ce que tu ressens. Tu vas vers l’intérieur, et ce faisant, tu embarques les autres avec toi. »
Makau parle de la danse comme d’une porte vers une énergie universelle :
« C’est comme des petites particules qui se répandent dans ton corps. Cela touche ton cœur, cela s’exprime sur ton visage — tu te sens flotter, être pleinement toi… tout en faisant partie de quelque chose de plus grand. »
La danse devient un pont entre la terre et le ciel, entre le soi et l’esprit, entre le passé et le présent.
« Je dis toujours à mes élèves — on ne danse pas pour être regardé.
On danse pour donner. On danse pour offrir aux autres une sensation qu’ils avaient peut-être oublié. »
L’histoire de Makau nous rappelle que la danse n’est pas une performance, mais un retour. Un retour à la joie, à l’intention, à la présence.
Et à travers chaque main levée vers le ciel, chaque hanche bercée au rythme des ancêtres, nous nous souvenons que nous aussi, nous pouvons faire partie de quelque chose d’intemporel.
Source: Femmes de Polynésie
Photo credit: Tamariki Poerani
