Le Phare de la Pointe Vénus
Connu localement sous les noms de Teara o Tahiti ou Tepaina Venuti, le phare de la Pointe Vénus se dresse avec grâce à l’extrême nord de l’île de Tahiti, dans la commune de Mahina.
Surplombant la paisible baie de Matavai, cette silhouette emblématique veille sur l’océan depuis le XIXe siècle, témoin fidèle de l’histoire maritime et culturelle du fenua.
La Pointe Vénus tire son nom d’un événement scientifique majeur : l’expédition de 1769 menée par le capitaine James Cook. Envoyé pour observer le passage de Vénus devant le Soleil, un phénomène astronomique rare, Cook y établit un observatoire et un camp fortifié qu’il baptisa Fort Vénus. Cette mission joua un rôle crucial dans la compréhension du système solaire, faisant de ce lieu un point d’ancrage de la science et de l’exploration.
C’est en 1866, face à l’importance stratégique de cette pointe pour la navigation, qu’un phare fut commandé. Sa construction fut confiée au frère Gilbert Soulié, artisan expérimenté dans l’édification de structures religieuses.
Le phare, bâti en pierres de corail, fut achevé en 1867 et s’illumina pour la première fois le 1er janvier 1868. Haut de 25 mètres, il diffusait à l’époque une lumière blanche fixe, visible jusqu’à 215 milles nautiques.
En 1953, pour améliorer sa portée, le phare fut rehaussé de 9 mètres, atteignant sa hauteur actuelle de 34 mètres. L’électrification vint en 1973, remplaçant l’éclairage au gaz initial. Entièrement automatisé aujourd’hui, il est aussi équipé pour servir à la navigation aérienne grâce à des systèmes lumineux additionnels.
Mais au-delà de sa fonction, le phare est un symbole puissant : celui de la connexion profonde de Tahiti à la mer, à la connaissance, à la rencontre des mondes.
Petite anecdote insolite :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le phare joua un rôle discret mais essentiel dans la défense côtière. Pour éviter qu’il ne serve de repère aux forces ennemies, les habitants de Mahina eurent une idée ingénieuse : ils le camouflèrent en le peignant de cocotiers, le fondant dans le paysage comme un mirage tropical.
Aujourd’hui, le phare de la Pointe Vénus est bien plus qu’une tour de pierre : il est un gardien de mémoire, un point de lumière entre ciel, terre et mer, et une invitation à lever les yeux… vers les étoiles.

Crédit Photo : Tahiti Tourisme – Alikaphoto