Umu Ti – Le Feu Sacré de la Polynésie

Chaque année, à la veille des festivités du Heiva, le Tahua Raymond Teriierooiterai Graffe préside la cérémonie ancestrale du “umu ti”.

Depuis plus de 60 ans, ce rituel unique rassemble des centaines de spectateurs, fascinés par la puissance spirituelle de la marche sur le feu et par l’intensité d’un héritage demeuré intact.

A l’origine, le umu ti avait une fonction vitale : cuire les racines de ti (auti, cordyline) dans un grand four de pierres afin de les conserver pendant la saison sèche de Matari’i i Raro.

Ces réserves permettaient aux communautés polynésiennes de subsister en période de disette. Mais au-delà de la survie, le umu ti a toujours été une offrande sacrée à la nature et aux dieux.

Avant chaque cérémonie, Raymond Teriierooiterai Graffe se retire en montagne. Il jeûne, cueille les feuilles sacrées de auti, médite et rend hommage aux tupuna, les ancêtres. Cette période de solitude et de recueillement l’ouvre à la présence des esprits et du mana, la force vitale sacrée, indispensable à la réussite de la marche sur le feu. Le calendrier lunaire polynésien détermine la date du rituel.

A l’aube, le foyer est préparé : une tranchée de huit mètres est remplie de bois de tamanu, recouverte de pierres volcaniques qui chauffent jusqu’au crépuscule.
La cérémonie débute par des chants et des danses incantatoires. Le prêtre balaie les pierres incandescentes avec des feuilles de auti avant d’inviter les participants à traverser.
Chaque pas sur les braises est un rite de purification : le feu consume les impuretés et offre une renaissance, un renouveau d’énergie pour le corps, l’esprit et la communauté.

Ce rituel ne comporte aucun danger, à condition de respecter ses règles :

  • Pas d’alcool depuis la veille.
  • Les femmes en période menstruelle peuvent assister mais ne doivent pas traverser.
  • Une fois la marche commencée, il ne faut jamais se retourner.

Le umu ti est une tradition vivante et intacte.
La marche sur le feu est la seule pratique culturelle polynésienne à n’avoir jamais été altérée par l’influence occidentale. Elle témoigne de la permanence du mana, de la présence des dieux et de la continuité des ancêtres marchant aux côtés des vivants.
Etre témoin, ou participer à cette cérémonie de umu ti, est une expérience intense : un passage sacré qui relie la terre, Te Papa, au ciel, Te Ra’i, et éveille la lumière intérieure.

 

Source: Tahiti Héritage / Raymond Teeriierooiterai Graffe

Photo credit: Steve Kuo